«S’il faut de nouveau aller se péter le genou pour sauver un but ou pour en mettre un, je le ferai sans réfléchir»

Touché au genou en début de saison, notre défenseur central Christopher Routis a repris l’entraînement collectif et participé à la préparation hivernale avec le SLO. Il revient avec nous sur sa blessure et les étapes qu’il a traversé avant d’effecteur son retour.

– Salut Chris ! Alors, enfin de retour sur les terrains ! On imagine que tu dois être très content et surtout impatient de retrouver la compétition. Comment te sens-tu ?

Oui, forcément très content d’avoir pu retrouver les terrains. C’était la plus longue blessure que j’ai connue et je suis très content d’avoir pu reprendre l’entraînement normalement avec l’équipe depuis la reprise. Je n’ai raté aucun entraînement depuis et j’ai pu enchaîner les séances donc je suis très satisfait. Je me sens de mieux en mieux donc et je retrouve de bonnes sensations.

– En effet, cette blessure était très longue et cette saison tu n’as eu droit qu’à seulement 30 petites minutes, face à Winterthour lors de la 1ère journée, puis ensuite plus rien. Comment as-tu vécu cette longue période loin des terrains ?

Ce n’était pas facile. Je n’ai pu jouer que 30 minutes cette saison et c’était un peu difficile à encaisser. Mais je me suis rapidement remis dedans et j’ai assez d’expérience pour savoir qu’il vaut mieux le prendre positivement pour essayer de revenir plus fort. J’avais même pris un peu d’avance et j’aurais pu revenir plus tôt mais, avec la trêve hivernale qui approchait, le club et les médecins ont préféré ne pas prendre de risques. À certains moments, c’était assez difficile parce que je ne voyais pas souvent l’équipe étant donné que je travaillais individuellement avec les physios de l’hôpital. C’était vraiment compliqué car j’avais l’impression de ne pas avancer au début vu que je ne pouvais pas faire grand-chose, d’autant plus que c’est une blessure qui demande surtout beaucoup de repos. Mais aujourd’hui je suis prêt et je croise les doigts pour que je n’aie désormais plus de soucis avec ça.

– Quelle était la nature exacte de cette blessure ?

Lors d’un duel à l’entraînement, je pense que j’ai eu une mauvaise position de mon pied et de mes appuis. J’ai entendu comme un craquement. En voulant me relever, j’ai direct senti que je n’avais plus d’appuis. J’ai eu peur au début que ce soit les ligaments. Mais, en réalité, j’ai eu un bout du cartilage au niveau du plateau tibial qui s’est décollé. C’est comme un petit bout d’environ 6mm qui s’est arraché de mon cartilage et qui me provoquait de grandes pointes et qui m’empêchait de poser la jambe parterre. C’était vraiment très douloureux comme blessure. On a cru au début que c’était les ligaments parce qu’au niveau des tests, j’avais un peu les mêmes réactions qu’une telle blessure. Mais en fait, c’était le petit bout qui s’était arraché et qui était resté dans le genou qui provoquait les mêmes douleurs.

«Au début, je me faisais engueuler par les physios…»

– Quelles ont été les différentes étapes que tu as dû passer pour être à nouveau apte au jeu ?

C’était une série d’étapes échelonnées sur environ 6 semaines. J’ai au début eu 6 semaines d’immobilisations avec des béquilles sans avoir le droit de de poser le pied pour que le cartilage puisse se réparer. Je n’ai pas eu d’opération parce que la zone qui s’était décollé était en dessous d’un centimètre et qu’ils considéraient qu’il n’y avait pas besoin d’opérer mais qu’il fallait du repos. Ensuite, j’ai eu 6 semaines où je faisais simplement du vélo, avec également des exercices de rééducation en piscine pour réapprendre à bouger un petit peu le genou.

Puis, au bout de 3 mois, j’ai repris gentiment la course. Au début, j’avançais sur un tapis spécial qui permet d’enlever 20 à 30% du poids du corps. C’était assez sympa car je me sentais comme un astronaute vu que je courais avec l’impression d’avoir pas mal de kilos en moins ! Ces premières semaines-là ont été un salvatrices pour moi. Mentalement, ça m’a fait beaucoup de bien de pouvoir recourir. Je me rappelle qu’au début je me faisais engueuler par les physios parce que je n’avais le droit de courir qu’un certain temps, très court, et dès qu’ils tournaient les yeux, j’en profitais pour remettre discrètement 10 minutes de course ! Sur ce tapis, j’ai eu des étapes progressives où, au fur et à mesure, on rajoutait des kilos et augmentait la course, jusqu’à l’étape où j’ai pu enfin courir sur un tapis normal, avant de pouvoir regoûter au terrain puis gentiment aux crampons au bout de quelques semaines.

Ensuite, on a testé les changements de directions, les sauts, la force… puis j’ai pu revenir, en forme, et j’ai pu regoutter au ballon avec l’équipe !

– Comment te sens-tu désormais par rapport à cette blessure ?

Je me sens déjà très en forme, capable et prêt pour engranger le maximum de minutes. C’est en tout cas la sensation que j’ai au niveau de mon corps. Je n’ai déjà plus d’appréhension dans le duel et je suis déjà à fond ! Je me rappelle même que lors de mon premier entraînement, plusieurs m’ont dit : « t’es un fou » parce que je lâchais des tacles au toro après même pas 5 minutes d’entraînement. Je sais que je vais avoir 32 ans dans 2 mois mais voilà… j’ai une mentalité qui fait qu’il faut aller dans les duels… peut-être pas toujours à l’entraînement mais en tout cas en match à 100% !

Au fond, s’il doit à nouveau arriver quelque chose à mon genou et bien ce sera le destin. Je le sens de plus en plus relâché, de plus en plus solide et c’est ça qui m’encourage un petit peu plus à continuer. Si mon genou devait relâcher à nouveau, je ferai ce qu’il faut pour soigner tout ça à nouveau. Je sais que je n’ai plus encore 30 ans à jouer et j’ai déjà une carrière que je trouve assez belle derrière moi, avec de beaux souvenirs et des moments incroyables. C’est pour ça que je vais à 100%, que je ne calcule rien et surtout que je n’ai pas peur de la blessure, ni de me refaire mal. Quoi qu’il arrive, s’il faut de nouveau aller se péter le genou pour sauver un but ou pour en mettre un, et bien je le ferai sans réfléchir.

– Le SLO a vécu plusieurs périodes compliquées lors de cette première moitié de saison. Ton absence a peut-être aussi eu impact sur ces passages à vides : on sait en effet que tu n’hésites pas à gueuler un bon coup quand il le faut, que ce soit dans les vestiaires ou sur le terrain…

Tout à fait, je pense qu’inconsciemment toute équipe a besoin de ses cadres. On a un groupe qui est tout de même assez jeune et qui a connu beaucoup de mouvements et qui a besoin de leadership. Lors du 1er tour, j’ai eu du mal à pousser une ou deux gueulante, que ce soit à la mi-temps ou en avant-match, lorsque le coach me le demandait. Quand le groupe ne te voit pas à l’entraînement la semaine, c’est compliqué de venir juste le week-end pousser un coup de gueule quand ça ne va pas.

Mais j’espère que mon retour pourra faire du bien à l’équipe, en plus de Rafi et Laugeois qui sont également là, qui sont importants dans le groupe, qui font du bien et qui sont écoutés. Tout le monde peut être un leader et dire ce qu’il ressent, ce qu’il pense, ça poussera toujours l’équipe vers le haut.

– Comment vois-tu cette fin de saison avec le SLO ?

J’espère en tout cas qu’on va réaliser une bonne phase retour et qu’on engrangera le maximum de points et le plus rapidement possible pour se joindre à la bataille en haut de tableau. Je ne me le cache jamais, je joue pour être dans les 2 premiers. Après, l’objectif du club est simple également, c’est de progresser chaque année. Si je ne trompe pas, on a terminé 3ème la saison dernière alors que personne ne nous attendait, alors si on veut faire mieux…

– Merci Chris ! On se réjouit de te retrouver sous le maillot stadiste !